mercredi 4 janvier 2012

Du tactile, au sensuel, du sensuel au sexuel, il n'y a qu'un doigt

Une enquête Ipsos (1) m'amène à poser cette question :  est-ce que les interfaces tactiles sont responsables du désintérêt relatif des hommes pour le sexe ?
Cette enquête montre que 39 % des hommes avouent rechercher du plaisir en jouant avec leur téléphone ou leur tablette alors que seulement 36 % privilégieraient le sexe. Arriveraient ensuite la musique, le sport et les voyages.
L'enquête ne dit pas si faire du sport en voyage en écoutant de la musique permet d'atteindre le nirvana.

C'est tout de même un fait nouveau dans l'histoire de l'humanité, plus précisément dans celle de l'homme.
Cela tient, en partie, aux interfaces tactiles. A force de caresser ces dispositifs, l'homme y a pris du plaisir.
Avec l'interaction tactile, on est passé du pilotage de souris à l'effleurement de l'écran, du contrôle moteur au contrôle sensuel. Du sensuel au sexuel, il n'y avait qu'un pas ou plutôt un doigt.

Dans le magazine CQ, le témoignage de Xavier, 32 ans, est sans ambiguité : "Je dois reconnaître que passer du temps sur mon iPad est une expérience quasi érotique. Ma copine râle parce que je l’emmène au lit et que je n’en décolle pas de la soirée. Alors qu’avant, quand je prenais un bouquin, j’en lisais quelques pages et puis je lui sautais dessus…".
Voilà un avantage de l'iPad (et aussi des liseuses numériques) sur le livre qu'on n'avait pas encore bien mesuré !

Le contact de l’écran tactile serait plus réconfortant que celui des fesses de sa compagne ou de son compagnon selon le philosophe Vincent Cespedes. Tant qu'à caresser, autant choisir l'objet qui minimise le risque de frustration. Pour l'homme moderne, le sexe est perçu comme une prise de risque, à chaque fois l'échec est toujours possible. À l'inverse, l'iPad est bien plus rassurant, déstressant. On ne peut pas perdre.

Vous penserez que ce comportement s'explique par l'évolution de l'homme qui au fil du temps a délaissé son obsession sexuelle primitive pour des activités plus spirituelles.
Sans doute, mais l'homme n'a pas pu évoluer si rapidement,  en quelques années, depuis que Steve Jobs lui a révélé l'iPhone (2007). S'il trouve aujourd'hui tant de plaisir avec ses appareils numériques tactiles, c'est bien parce qu'il fait l'expérience d'une interaction sensuelle, physique, digitale, dont il ne s'est pas encore lassé.

(1) Enquête Ipsos-Menstyle.fr menée sur 300 hommes CSP+ de 25 à 49 ans.



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